D’une décoration intérieure riche, l’église Saint-Joseph de Cap-d’Espoir disparaît en fumée dans la nuit du 23 février 1994. Elle allait célébrer son 100e anniversaire au cours de la même année.

Réal-Gabriel Bujold
Écrivain et originaire de Val-d’Espoir

Jean-Marie Fallu
Rédacteur en chef

Comme l’indiquait une plaque fixée sur la façade de l’église, cette dernière – un véritable joyau – fut construite en 1894 (même si les travaux se sont prolongés jusqu’en 1896) d’après les plans de l’architecte David Ouellet. D’aspect ordinaire à l’extérieur et faisant face à la mer comme c’est le cas pour nombre d’églises en Gaspésie, elle cachait une architecture intérieure remarquable.

Au début du 20e siècle, le contexte économique semble favorable aux travaux de parachèvement de l’église. En 1908, le curé Antoine Poirier explique pourquoi à son évêque : « Mes paroissiens sont décidés de profiter des bonnes années, des travaux du chemin de fer pour finir leur église »1. Les travaux de finition de l’intérieur du temple seront complétés par l’architecte Raymond et l’entrepreneur Morin en 1912.

Un trésor patrimonial
Je me souviens de la solennité et de la beauté des lieux. De somptueuses boiseries et une chaire unique et inestimable sculptée et assemblée en 1910 par Francis Athot, un artisan de l’endroit, faisaient la fierté des paroissiens.

Des œuvres d’art ornaient la nef et le sanctuaire. Une série de colonnes blanches soutenaient des arches dorées et une toile de Charles Huot, artiste peintre québécois, était placée dans le sanctuaire. Les toiles de cet artiste sont célèbres, on les retrouve en différents endroits, à l’Assemblée nationale du Québec, au Musée national des Beaux-Arts, dans l’église de Carleton-sur-Mer et dans celle de Saint-Sauveur dans la basse-ville de Québec ainsi qu’au Musée Tavet-Delacour à Pontoise en France.

Cette église exceptionnelle était chaque année visitée par des touristes et des amateurs d’art venus de partout.

Nul ne sait vraiment ce qui a pu se passer durant cette nuit d’hiver alors qu’en quelques minutes seulement disparaissait l’une des églises patrimoniales les plus significatives de la Gaspésie.

Quelques années plus tard, sur les lieux de l’église incendiée, une nouvelle église à l’architecture moderne et multifonctionnelle a été construite.

Note

1. À lire : Paul Joncas, « Cap-d’Espoir et ses lieux de culte », Gaspésie, vol. XX, no 1 (77), janvier-mars 1982, p. 28, 35-36.

Photo

« De somptueuses boiseries et une chaire unique ». Cette photo de l’intérieur de l’église de Cap-d’Espoir fut prise en 1993, un an avant le tragique évènement.
Photo : Réal-Gabriel Bujold